Rubén Darío

Ruben Dario Centenaire de la Société des Poètes français
Conférence sur Rubén Darío

(Poète nicaraguayen du 19° siècle, père du modernisme
et admirateur de Victor Hugo)

par Maggy DE COSTER et Sophie SOULIÉ
à l' Espace culturel, 16 rue Monsieur le Prince, PARIS 6°
le 25 mai 2002

 

Maggy DeCOSTER, Sophie SOULIE et Vital HEURTEBIZE
Maggy DeCOSTER et Sophie SOULIÉ
durant leur conférence.
après la conférence
Après la conférence, les poètes se retrouvent autour
d'un verre à l'Espace Culturel.

SA VIE

D'origine modeste, Félix Rúben Garcia Sarmento, naquit le 18 janvier en 1867 à Metapa au Nicaragua. Il fut le principal vecteur du cosmopolitisme latino-américain et le leader incontestable du mouvement moderniste qui influa sur toute la littérature de langue espagnole.
Diplomate et journaliste il se partagea entre l'Amérique et l'Europe. Ses œuvres reflètent sa vie turbulente et pathétique à laquelle il se livra comme il s'abandonna au plaisir sensuel, aux amitiés intellectuelles, à la lecture des romantiques, des parnassiens et des symbolistes de l'époque- particulièrement les français et les espagnoles- et finalement à la méditation.
C'est dans Azur (1888), Proses Profanes (1896), Chants de vie et d'espérance (1905) et Chants errants (1907) que se trouvent réunies les idées maîtresses les idées-forces du courant moderniste. En effet, il est évident que cela dénote la recherche d'une nouvelle esthétique qui, en se valorisant au mieux par rapport aux courants littéraires étrangers et à la tradition espagnole, parviendra à convertir l'art en l'unique fin de l'écrivain, et à rendre au poète la dignité perdue à cause du matérialisme de la fin du XIXème siècle. Paradoxalement, dans ces mêmes ouvrages se trouve également présente la désillusion du moderniste confronté avec la poursuite d'un idéal artistique inaccessible- la finalité de « l'art pour l'art »- Aussi s'intériorise-t-il tout en cherchant la dimension spirituelle qui lui manque pour parachever sa noble tâche.

RÚBEN DARÍO ET LE MODERNISME

Puisant ses racines dans le romantisme, le courant modernisme englobe la notion de liberté suprême dans l'acte de créer ainsi que la possibilité de bouleverser les modèles formels. C'est l'auteur lui-même qui dans l'avant- propos de « Proses profanes et autres poèmes » osa parler « d'esthétique anarchique »
« Moi- je n'ai pas de littérature « à moi » comme l'a manifesté une magistrale autorité-, pour marquer la route des autres : ma littérature est mienne en moi-même ; qui suit servilement mes traces perdra son trésor personnel et, page ou esclave, ne pourra cacher sceau ou livrée ».

LES RÉPERCUSSIONS DE L'ŒUVRE DE DARIO EN EUROPE

Dario séjourna en Europe pendant près de quinze ans. Il vécut en France (Paris), voyagea en Allemagne, Espagne, Belgique. Son œuvre a eu des répercussions inespérées de part et d'autre de l'Atlantique.
Dario se trouvait en Belgique -plusieurs fois : 1898, 1901, 1906 et 1907- où il visita près d'une douzaine de villes comme Anvers où il avait des liens amoureux avec La Señora de Leopoldo Lugones.
« Dans la caravane passe » il fait allusion au Palais de Justice de Bruxelles qui l'a séduit par son architecture.
(Description des maisons et lieux historiques de Bruxelles).
C'est dans la capitale belge qu'il rencontra Hugo qu'il évoqua de manière apologique dans « Azul ». « Ô, grand maître Hugo ! » ou encore : «Le dieu Hugo».
Notons qu'il maîtrisa parfaitement le français qu'il découvrit dans la ville de San Salvador par l'entremise du poète Francisco Gavidia.
 

NOCTURNE

 

Vous qui avez ausculté le cœur de la nuit,
dans l'insomnie tenace qui avez entendu
se fermer une porte, résonner une voiture
lointaine, un écho vague, un léger bruit...

Aux instants du silence mystérieux,
quand de leur prison surgissent les oubliés,
à l'heure des morts, à l'heure du repos,
vous saurez lire ces vers d'amertume imprégnés !

En eux comme en un vase je verse mes douleurs
de lointains souvenirs et malheurs funestes,
les nostalgies tristes de mon âme, ivre de fleurs,
et le deuil de mon cœur, triste de fêtes.

Et le regret de n'être pas ce que j'aurais pu être,
la perte du royaume qui m'était acquis,
penser qu'un instant j'ai pu ne pas naître,
et le songe de ma vie depuis que je naquis !

Tout ceci vient au milieu du silence profond
où la nuit enveloppe la terrestre illusion,
et je sens comme un écho du cœur du monde
qui perce et meut mon propre cœur.

 

 

Rubén Darío

 

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